"Il m'a fallu plus d'un an de travail acharné pour parvenir enfin à traduire du Vieux Français cette mystérieuse oeuvre antérieure au Tragique Millénaire. Aujourd'hui, je suis encore étonné du regard lucide que pouvaient avoir nos ancêtres sur ce qu'allait devenir notre beau pays. Par quel miracle, ces écrits prophétiques, qui devaient passer à l'époque comme de douces élucubrations, ont revêtues le terrible visage de la réalité..." Erlann de Parye, Introduction aux chroniques de France. Il y a fort longtemps, l'espèce humaine avait atteint son apogée culturelle, scientifique et sociale. L'abondance régnait, nul mal n'était incurable, tandis que des machines à l'apparence humaine se chargeaient des travaux pénibles. Libérée de ces contraintes, l'humanité tournait désormais son regard vers les étoiles, d'éminents scientifiques construisaient des nefs permettant de voyager vers d'autres mondes, d'autres sphères... Certains prétendirent même pouvoir déchiffrer le sens de l'univers grâce à une entité extraterrestre ramenée d'une expédition extra-dimensionnelle, le Bâton Runique. Malheureusement, cet Eden s'écroula sous le poids de sa propre vanité. Pour une raison qui demeure inconnue, les différentes nations utilisèrent tout l'arsenal militaire, chimique, bactériologique et nucléaire dont elles disposaient. Quelques érudits de l'époque gardèrent une trace de ces événements dans le Lexicon, ouvrage encyclopédique racontant la fin de leur monde. Nul ne sait qui a porté le premier coup, mais cela n'a plus beaucoup d'importance à présent, car ce fut la fin de la civilisation prospère de nos ancêtres. Des régions entières furent vitrifiées, des villes totalement anéanties, peu à peu, les hommes retournèrent à la barbarie, se livrant des guerres de le seul but de trouver un moyen de subsister : voler nourriture et technologies qui commençaient à faire défaut. Quelques tyrans essayèrent de se tailler un empire dans les nouveaux royaumes, mais seul un faillit réussir, Max Howell. C'est alors qu'il fût assassiné par un homme vêtu d'une armure d'or et de jais, prétendant agir pour le compte du Bâton Runique. Tout espoir d'unité brisé, le monde se décomposa en milliers de nations, peuples, tribus en guerre les uns contre les autres. La saga de Hawkmoon prend place à la fin du sixième millénaire... Bien des années se sont écoulées depuis ces événements funestes. L'humanité a survécu, tant bien que mal, survivant aux catastrophes naturelles engendrées par les armes anciennes, aux guerres de religion et seigneuriales, et surtout à l'apparition de nouvelles espèces difformes, les mutants... L'humanité faillit s'éteindre un temps. Les guerres se perpétuèrent pendant des siècles, et les hommes remplacèrent leurs armes technologiques par des arcs et des épées, oubliant peu à peu un savoir inutile pour se concentrer sur leur survie... Mais finalement, des royaumes et des civilisations prospères surgirent des cendres de l'ancien monde, gardant les stigmates de ce passé douloureux. Toutes les communications coupées, les autres continents devinrent de lointaines légendes aux noms étranges et emprunts de rêves : Amarekh, Asiacommunista, Afrika... La science devint taboue, ses adeptes peu nombreux sont appelés Sorcier et sont conduits au bûcher, car c'est la science qu'ils servent qui apporta la destruction de l'âge d'or, c'est du moins ce que proclame le Sincère Repentir, l'une des religions les plus puissantes de cette époque. Le Culte du Vrai Dieu, farouche opposant du Sincère Repentir, rejette cette mortification, de façon violente parfois, si bien que de véritables guerres de religion ravagèrent l'Europe. L'Europe du Tragique Millénaire est divisée en de multiples royaumes belliqueux et désunis. Seuls l'empire Moscovien, dans les Royaumes de l'Est, et l'Empire Spanyard en Mer du Milieu présentent un jour l'espoir de voir l'Europe réunie sous un même drapeau. La France n'est plus qu'un conglomérat de duchés résultant d'une longue guerre de succession ; la Germanie est secouée par les ambitions d'une noblesse avide ; la Scandie est le refuge d'un peuple de pirates belliqueux ; la Sweiss est la nation des Grandes Compagnies de mercenaires ; la seule république en ces temps troublés est la Hollandia... Reste la mystérieuse Granbretanne, dirigée par un Roi-Empereur immortel, et dont le peuple est divisé en castes qui arborent fièrement le masque de leur animal totem. Cette Europe divisée devait être réunifiée, cet avis était partagé par de nombreuses personnalités du Tragique Millénaire, et c'est ce que réalisa la Granbretanne ! Malgré sa petite taille, la campagne pour la conquête de l'Europe fût fulgurante, les royaumes tombant un à un sous la férule granbretonne. Nul ne paraissait capable de faire fléchir cette armée invincible, surentraînée et aidée par une science dévoyée. Là où la stratégie militaire ne suffisait pas, les granbretons déployèrent des trésors de diplomatie et des intrigues à tiroirs qui leur ouvrirent les portes de nombreuses forteresses. Pourtant, ce fut la terreur qui demeurât l'arme la plus efficace des granbretons. Dénués de tout sens moral et de toute peur, les granbretons commirent les pires exactions imaginables, ils exterminèrent leurs ennemis, déportèrent leurs enfants dans leur île, réduisirent les résistants en esclavage, violèrent les femmes, torturèrent les innocents. Ceux qui résistèrent à l'occupant subirent les plus terribles exactions, des milliers de personnes furent exterminées durant le règne éphémère des granbretons. Même ceux qui étaient sensibles au fait de voir l'Europe unifiée, comme le Comte Airain, un célèbre capitaine de Grande Compagnie devenu seigneur gardian de Kamarg, changèrent vite d'avis, la domination des granbretons était la pire chose qui pouvait arriver, tant la souffrance et l'immoralité qu'elle avait engendré était insoutenable. La folie engendre la folie... La fin de la domination de l'Empire Ténébreux fût le fait de son principal artisan : le baron Méliadus de Kroiden, premier commandant de l'armée impériale, fierté du Roi-Empereur Huon. Les détails de la chute des granbretons sont relatés dans la Saga des Runes : Méliadus s'éprit follement de Yisselda, fille du Comte Airain et tenta de l'enlever. Econduit (assez brutalement) par le seigneur gardian, il jura sur le Bâton Runique de se venger, et provoqua par la même la succession d'événements qui conduirait à la destruction de l'Empire Ténébreux. En effet, le Bâton Runique préféra accorder son soutien à un certain Dorian Hawkmoon, fils d'un duc germain tué par Méliadus. Après avoir tenté en vain de faire tomber la Kamarg, Méliadus s'attira le courroux de son Roi-Empereur qui jugeait cette campagne insensée et qui lui retira la commandement de l'armée impériale. Porté par son délire obsessionnel de vengeance et de puissance, il fomenta un coup d'état à Londra, capitale du Ténébreux Empire, et tua Huon l'immortel. Son triomphe fût de courte durée, car profitant l'anarchie qui régnait à Londra, Hawkmoon et les gardians de Kamarg, aidés par les serviteurs du Bâton Runique, assaillirent les restes de l'armée impériale épuisée et désorganisée, et Hawkmoon parvint à vaincre Méliadus, libérant par la même occasion l'Europe de la folie granbretonne. Ravagée et traumatisée par l'épisode granbreton, l'Europe du Tragique Millénaire reste à reconstruire... - Hawkmoon Nouvelle Edition est un jeu édité par Oriflam sous licence Chaosium -